Le Madras
Après la Toile de JouyLa toile de Jouy, je me propose de vous faire découvrir l’histoire du MADRAS, ce tissu emblématique des Antilles françaises.
Qui dit madras pense Antilles : Guadeloupe, Martinique, Guyane.
Pourtant, à l’origine, c’est dans l’actuelle ville de Chennai dans le sud de l’Inde que cette étoffe colorée voit le jour. La ville de Chennai s’appelait Madras jusque dans les années 1990.
C’est donc en Inde, au XVII -ème siècle, vers 1639 que nait le madras.
Initialement, le madras est une étoffe fabriquée à partir de fils de bananier. Ce tissu est fragile, difficile à conserver. En effet, les fils cassent très vite et l’odeur du bananier est pour le moins particulière. C’est pourquoi, les fils de bananiers sont rapidement mélangés à du coton pour finalement n’être plus tissés qu’avec des fils de coton.
Par la suite, le madras sera fabriqué en Europe. Rouen est la capitale française du madras. On y teint et tisse le coton.
Uni à l’origine, il s’inspire du quadrillage écossais. Et si le madras offre une palette vive et colorée c’est qu’en effet, la symbolique est présente. Ainsi, le jaune représente le printemps, le bleu Krishna, le rouge le mariage. Le jaune est issu du curcuma. Le rouge provient de la cochenille. Le bleu est extrait de l’indigo. L’orange et le rose sont crées en travaillant les fils colorés et blancs en proportions différentes.
L’arrivée dans les Antilles françaises.
Antilles, 1848, abolition de l’esclavage.
Les colons manquent de main d’œuvre. Pour pallier à ce manque, ils font appel aux Indiens pour remplacer les esclaves. Indiens qui emporteront avec eux le madras.
C’est ainsi que le madras deviendra le symbole culturel créole notamment des 3 départements d’Outre-mer. Et ce depuis plus de 160 ans.
Peu à peu, le tissu de Madras se démocratise dans les Antilles. Au début, ce sont les femmes de la bourgeoisie qui portent du madras. Ensuite, les anciennes esclaves affranchies se l’approprient à leur tour.
De nos jours, le madras est ancré dans la culture créole antillaise. Il est porté en « costume » lors des jours de fêtes ainsi que lors de grandes occasions. On le retrouve donc lors de mariages, baptêmes, communions, Noël mais aussi réceptions et dîners « chics ».
Ce tissu devenu emblématique de la culture créole se décline principalement en robes, foulards et nappes. Les robes aux couleurs vives et joyeuses peuvent s’orner de dentelles blanches ou de broderies anglaises.
Les utilisations du madras sont multiples. Outre les classiques robes, coiffes et nappes il est possible de retrouver ce tissu vitaminé et ensoleillé chez les poupées chats d’Anicha. Ces poupées chats arborent fièrement cet emblème des Outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane mais aussi des Caraïbes : Jamaïque, Trinité-et-1tobago ainsi que l’île Maurice.
Quant à la coiffe des femmes, saviez vous que la manière de la nouer n’était pas seulement esthétique mais revêtait d’une signification plus particulière ?
Ainsi, en Guadeloupe, une pointe signifie que vous vous êtes prêtes pour une relation.
Deux pointes signifient que vous avez quelqu’un mais que vous êtes ouvertes à d’autres relations.
Trois pointes veulent dire que vous êtes mariée et fermée aux amants.
Quatre pointes indiquent que vous avez un conjoint mais que vous ne refusez pas l’adulte.
